Mémoire présenté par AOcVF : violence entre partenaires intimes et la violence domestique au Canada

18 March 2022

Action ontarienne contre la violence faite aux femmes (AOcVF) est un regroupement provincial, féministe et francophone de centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS), de maisons d’hébergement et de programmes en violence faite aux femmes offrant des services en français (SEF) en Ontario.

Recommandation 1 : AOcVF recommande que le gouvernement adopte un plan d’action global contre la violence faite aux femmes. Nous apprécions les initiatives prises par le gouvernement pour lutter contre la violence faite aux femmes (comme la stratégie contre la violence fondée sur le sexe), mais nous regrettons le manque de vision globale de la lutte contre la violence faite aux femmes. Un plan d’action permettrait de cerner l’enjeu dans son intégralité et d’identifier les mesures à adopter. Ce plan doit être coordonné avec les initiatives des autres provinces et territoires pour plus d’efficacité. Il doit être ambitieux et prévoir des mesures concrètes pour réduire les facteurs de vulnérabilité des femmes à la violence, prévenir au niveau social toute forme de violence ou oppression sexiste et assurer aux survivantes de violence l’accès à des services adaptés et de qualité, et dans les deux langues officielles. Ce plan doit prendre en compte les défis supplémentaires rencontrés par certains groupes de femmes, comme les femmes racialisées, immigrantes, autochtones, aînées, jeunes ou de la communauté 2SLGBTQIA+.

Recommandation 2 : AOcVF recommande au gouvernement d’agir sur les facteurs de vulnérabilité des femmes à la violence pour assurer leur sécurité physique et économique. 

Recommandation 2.1 : Plusieurs études montrent l’inégalité persistante économique entre les femmes et les hommes. Les femmes occupent des emplois plus précaires et moins bien rémunérés. À poste et compétences égaux, elles sont aussi moins bien payées. Ce sont en général les femmes qui arrêtent de travailler pour s’occuper des enfants ou pour s’occuper d’un proche. La pandémie n’a fait qu’exacerber ces problèmes. AOcVF recommande que le gouvernement mette en place des programmes et mécanismes adéquats qui renforcent l’autonomisation financière et sociale des femmes pour se remettre de la crise, mais surtout combler les inégalités préexistantes. L’autonomisation économique des femmes est d’autant plus importante que c’est l’un des facteurs permettant d’éliminer la violence faite aux femmes.

Recommandation 2.2 : AOcVF recommande que le gouvernement augmente l’accès aux logements sécuritaires et abordables. Beaucoup de femmes vivent dans la précarité à cause du manque de logements sécuritaires et abordables. L’insécurité économique causée par la pandémie précarise encore plus de femmes. Le gouvernement doit prendre des mesures pour assurer l’accès des femmes les plus vulnérables à des logements sécuritaires et abordables partout au pays. Si dans certaines régions les aides apportées pour pallier la pandémie ont eu un effet positif sur l’accès au logement, nous craignons que si des mesures pérennes ne sont pas prises, la crise du logement revienne après la fin des aides d’urgence.

Le gouvernement doit assurer qu’aucune femme ne reste dans une situation de violence faute de logement. Très souvent, les maisons d’hébergement dans notre réseau sont pleines, et elles ne peuvent plus accueillir les femmes en situation de violence, mettant en danger la vie et la sécurité de ces femmes et de leurs enfants. AOcVF recommande que le gouvernement crée de nouvelles maisons d’hébergement pour les femmes francophones et investit dans des maisons de transition et des logements subventionnés.

Recommandation 2.3 : AOcVF recommande que le gouvernement poursuive le travail déjà entamé dans le dossier de la garde d’enfants. L’autonomisation sociale et économique des femmes repose aussi sur un système de garde d’enfants accessible pour toutes. L’accessibilité repose sur deux composantes : un nombre de places suffisant et un coût abordable. Il est difficile pour les familles ontariennes de voir les choses évoluer dans d’autres provinces et territoires et de ne pas voir d’avancée significative en Ontario. AOcVF recommande au gouvernement de travailler activement avec le gouvernement provincial pour mettre en place un système de garde d’enfant abordable rapidement. AOcVF recommande aussi que des allocations spécifiques à la garde d’enfants soient octroyées aux femmes fuyant une relation de violence.

Recommandation 3 : Même si l’éducation relève du champ de compétence des provinces et des territoires, le gouvernement fédéral doit jouer un rôle de leadership dans ce dossier. Le gouvernement doit s’assurer que des normes et des modèles soient mis en place pour qu’un niveau minimum d’éducation soit offert aux jeunes partout au pays concernant les relations saines, le consentement et la remise en cause de stéréotypes sexistes. De même, les secteurs sociaux gérés par les provinces et territoires, comme la santé ou l’aide à l’enfance, doivent être encadrés par des normes fixées à l’échelle fédérale afin de normaliser quelque peu le travail de tous les Canadiens et Canadiennes dans ces secteurs.

Recommandation 4 : AOcVF recommande que toutes les survivantes de violence puissent avoir accès à du soutien de qualité et approprié dans la langue de leur choix, peu importe où elles habitent. Un soutien particulier et adapté doit être offert à toutes les Canadiennes francophones aux prises avec la violence en milieu linguistique minoritaire. Pour ce faire, le gouvernement doit soutenir les provinces et territoires dans l’offre de services en français de qualité.

Au nom d’AOcVF, je vous remercie de nous avoir donné l’opportunité de présenter nos recommandations.

Maïra Martin, directrice générale d’AOcVF

613-315-9494, [email protected]

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