Communiqué : Le gouvernement de l’Ontario nie l’épidémie de la violence basée sur le genre
1 August 2023
L’année dernière, l’enquête du coroner sur les meurtres de Nathalie Warmerdam, de Carol Culleton et d’Anastasia Kuzyk a fait part de 86 recommandations pour prévenir de telles violences. La première recommandation : « Déclarer officiellement que la violence conjugale est une épidémie. »[1] Ce n’est pas la première fois que cette recommandation se fait entendre. La Commission des pertes massives qui a examiné la tuerie de masse de Portapique recommandait également que : « Tous les ordres de gouvernement au Canada déclarent que la violence fondée sur le sexe, la violence entre partenaires intimes et la violence familiale est une épidémie qui nécessite une réponse pansociétale appropriée et durable. »[2]
Fin juin 2023, le gouvernement de l’Ontario a rétorqué qu’il ne ferait pas de telle déclaration, car la violence conjugale n’est pas « contagieuse ». Le gouvernement a également refusé d’adopter les recommandations de l’enquête du coroner concernant la mise sur pied d’une commission indépendante sur la violence conjugale et de créer le rôle de porte-parole des survivantes pour défendre leurs intérêts au sein du système judiciaire.[3]
Nous trouvons impensable que le gouvernement provincial refuse d’accepter la réalité que la violence basée sur le genre constitue une épidémie, surtout quand plus de 40 municipalités ontariennes (dont Peel, Halton, Ottawa, Mississauga et Brampton), représentant plus de la moitié de la population de l’Ontario, ont adopté ce type de motion.[4]
« Pourquoi cet acharnement à nier les faits? Depuis 1990, on estime que 950 féminicides ont eu lieu dans la province.[5] On sait aussi qu’il s’agit seulement d’une estimation : en réalité, les chiffres sont sûrement plus élevés, car aucun mécanisme officiel gouvernemental ne s’occupe de cette collecte de données. Par ailleurs, je parle de la forme de violence la plus grave; la violence conjugale et les agressions à caractère sexuel, par exemple, ont toujours des taux alarmants. Cette réfutation des preuves est un autre exemple de la banalisation de la violence basée sur le genre de la part de ce gouvernement provincial », déplore Michelle Petersen, directrice générale par intérim d’Action ontarienne contre la violence faite aux femmes (Action ontarienne).
Comment le gouvernement peut-il résoudre une crise qui, selon lui, n’existe même pas? « La violence n’est pas contagieuse de la même façon que la COVID-19. Évidemment. Par sa déclaration, le gouvernement fait preuve d’ignorance délibérée. Plusieurs recherches ont démontré un lien entre l’exposition à la violence comme enfant et l’adoption de comportements violents, le risque accru d’avoir des relations violentes comme adulte après une exposition à la violence comme enfant et le développement de troubles de santé mentale, dont des symptômes de stress post-traumatique, et des problèmes psychologiques, sociaux, émotionnels ou comportementaux. Les possibles conséquences sont diverses. Action ontarienne en profite pour réitérer que oui, la violence basée sur le genre est une épidémie qui mérite des solutions multiples », enchaîne la directrice générale.
Nous n’avons pas envie de nous retrouver à analyser encore d’autres études et enquêtes visant à comprendre des actes de violence qui bouleversent et perturbent toute une communauté. Nous voulons des actions concrètes qui reconnaissent l’ampleur actuelle et immédiate de la violence et des mesures immédiates pour la prévenir. Nous méritons mieux. La violence basée sur le genre est une épidémie.
Plus de renseignements et entrevue
Minh Dong, agente de communications
[email protected]
Au sujet d’Action ontarienne : Action ontarienne contre la violence faite aux femmes a été fondée en 1988 par des intervenantes de première ligne qui avaient identifié le besoin d’un organisme provincial. C’est un regroupement féministe et francophone d’organismes qui travaillent à défaire l’oppression vécue par les femmes.
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[1] https://www.ontario.ca/fr/page/verdicts-et-recommandations-formules-la-suite-des-enquetes-du-coroner-de-2022#section-4
[2] https://commissiondespertesmassives.ca/files/documents/Redresser-la-barre-ensemble-Re%CC%81sume%CC%81-et-recommandations.pdf
[3] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1992078/violence-partenaire-feminicide-ontario
[4] https://ottawa.citynews.ca/2023/07/25/renfrew-lawyer-calling-on-province-to-declare-ipv-an-epidemic/
[5] https://www.oaith.ca/assets/library/MoreThanANumber.pdf
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