Dépôt du nouveau budget provincial : réactions d’Action ontarienne

17 avril 2023

Un financement largement insuffisant pour éliminer la violence  

Action ontarienne contre la violence faite aux femmes (Action ontarienne) se réjouit de constater que le gouvernement de l’Ontario poursuit sa lutte contre la traite des personnes, et qu’il reconnaît les effets dévastateurs pour les victimes.   

Cela dit, sur un document de plus de 200 pages, il est question de violence sexiste que dans trois paragraphes. Nous sommes aussi déçues de constater le financement du Programme de prévention de la violence chez les jeunes et de la traite de personnes : 2,5 millions de dollars seulement.  

Comme de nombreux autres organismes féministes, nous nous retrouvons à marteler le même message : sans financement opérationnel pour les organismes féministes œuvrant à mettre fin à la violence, et sans vision à long terme, les progrès seront lents. De plus, retenir du personnel qualifié et offrir des services en français de qualité devient de plus en plus difficile dans ce climat d’incertitude économique. Au minimum, nous réclamons une augmentation du financement équivalent à l’augmentation du coût de la vie pour pallier notamment les effets de l’inflation. 

Par ailleurs, le Plan d’action national pour mettre fin à la violence fondée sur le sexe n’y est aucunement mentionné. C’est une inquiétude que partage notre partenaire, l’Ontario Association of Interval & Transition Homes. À ce sujet, l’organisme a soumis un mémoire (en anglais) au ministre des Finances, Peter Bethlenfalvy, faisant état de 10 priorités pour le prochain budget. Voici un aperçu de ces recommandations : 

  • Assurer le financement opérationnel des services en violence.  
  • Investir dans le recrutement, la rétention et la formation de personnel pour s’attaquer à la crise de la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur de la violence.  
  • Investir dans le Plan d’action national en finançant de façon prioritaire les services existants, et seulement en financer de nouveaux s’il existe un besoin.  
  • Investir dans des programmes d’appui au revenu, y compris 10 jours de maladie annuels payés et des places de garderie abordables.
  • Investir dans des services en violence basée sur le genre qui tiennent compte des traumatismes.  

Action ontarienne appuie ces revendications, et souligne qu’elles sont également nécessaires pour les services offerts en français.  

Concernant la mise en œuvre du Plan d’action national (PAN), nous soulignons les revendications d’Hébergement femmes Canada :  

  • Le processus de consultation ainsi que l’élaboration et la mise en œuvre du PAN doivent être élaborés en concertation avec les militantes. 
  • Le PAN doit miser sur la transparence, la surveillance et la redevabilité et doit reposer sur l’expertise du secteur. 
  • Le modèle de financement doit permettre d’assurer la viabilité du secteur et d’attribuer les fonds aux organisations qui ont le plus d’impact sur le terrain, plutôt que de reproduire les modèles de financement existants (c’est-à-dire basés sur les projets) qui créent concurrence et division. 
  • L’accent doit être mis sur le changement systémique et le traitement des causes profondes de la VFG pour refléter l’interconnexion des problèmes et la nature « écosystémique » du secteur. 
  • L’approche intersectionnelle axée sur les besoins des personnes les plus touchées et les moins bien desservies doit être adoptée. 
  • Des approches dirigées par les Autochtones conformément au quatrième pilier du plan doivent être adoptées.  

Et les francophones?  

Du côté des investissements pour les francophones, là aussi les déceptions se font entendre. Avec une minime hausse de 700 000 $ au ministère des Affaires francophones de l’Ontario, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario a qualifié ce budget de « statu quo ». Même constat chez Le Droit, qui déplore les « miettes » accordées aux francophones. 

Revendications d’Action ontarienne 

Alors que nous connaissons une croissance du taux de féminicide et que nous connaissons une pénurie de main-d’œuvre francophone partout en province, nous incitons le gouvernement à faire preuve d’un engagement concret à l’égard de l’élimination de la violence sexiste. Nous demandons que le gouvernement de l’Ontario mette en place un comité interministériel et invite les expertes en violence fondée sur le genre afin de mettre en place une stratégie provinciale qui répond aux besoins criants pour contrer cette épidémie de violence. 

Consulter le budget : https://budget.ontario.ca/fr/2023/index.html   

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