Communiqué de presse
OTTAWA, 15 novembre 2022 — Le 9 novembre, le ministère Femmes et Égalité des genres a dévoilé le tant attendu Plan d’action national pour mettre fin à la violence fondée sur le sexe. « Action ontarienne et ses membres attendent le dévoilement de ce plan depuis un moment, et nous sommes heureuses que le gouvernement fédéral s’attaque sérieusement à la violence sexiste. Nous sommes encouragées par plusieurs points, mais remettons en question certains aspects du plan », affirme Michelle Petersen, directrice générale par intérim d’Action ontarienne contre la violence faite aux femmes (Action ontarienne).
Le plan compte cinq piliers, dont deux que nous jugeons particulièrement pertinents : le soutien aux personnes victimes, aux survivantes et à leur famille et la prévention. Comme le souligne le plan, la prévention est la meilleure façon de mettre fin à la violence. De plus, celui-ci souligne l’importance d’une approche inclusive, sensible au genre, intersectionnelle, axée sur les traumatismes et culturellement adaptée et de la prévention par l’enseignement de relations saines chez les jeunes. Ayant plusieurs campagnes de sensibilisation destinées aux jeunes, dont #RelationSaine, nous sommes d’accord sur ce point.
L’annexe B stipule que les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux mettront sur pied un cadre de mesure du rendement plus exhaustif que celui contenu dans le plan : « C’est une mesure nécessaire. Pour faire état des progrès, il faut des objectifs réalistes, mesurables et spécifiques, et des mécanismes de reddition de compte lorsque ceux-ci ne sont pas atteints. Toutefois, nous ne comprenons pas pourquoi un tel mécanisme n’a pas été inclus dès le départ », déclare Michelle Petersen.
Si le plan met en relief de nombreuses questions à considérer et prend en compte des facteurs qui mènent à la violence, Action ontarienne, comme l’Alliance des femmes de la francophonie du Canada, déplore l’absence de mention de services offerts dans les deux langues officielles. « Où est-il mention du français ou de services offerts en contexte linguistique minoritaire? C’est un oubli de taille difficile à comprendre de la part du gouvernement fédéral », observe Michelle Petersen. Dans un même ordre d’idée, le premier pilier explique les causes, obstacles et défis pour les survivantes, dont le manque d’accès aux ressources en milieu rural, le manque de services culturellement adaptés, le racisme et le colonialisme. Par contre, le manque d’accès à des services en français dans un contexte linguistique minoritaire n’y est pas mentionné.
D’autre part, le plan n’est pas contraignant; il est question de « possibilités d’action » et des suggestions de mesures sont incluses. Nous comprenons qu’il existe d’énormes différences d’une région à l’autre; une mesure pourrait être indispensable au Nouveau-Brunswick qui n’aurait pas sa place au Yukon. Cela dit, nous sommes déçues de constater l’absence totale d’encadrement. « On ne sait pas de quelle façon le secteur de lutte contre la violence sera impliqué dans la mise en œuvre du plan, ce qui nous inquiète », poursuit Mme Petersen.
Enfin, un troisième aspect du plan nous inquiète : « Un point ressort depuis des années dans notre secteur : le financement par projets, au lieu d’organismes, est largement insuffisant. L’arrivée de la pandémie et la hausse de demandes des services qui l’a accompagnée et l’inflation actuelle ne font qu’exacerber cette réalité. Toutes les bonnes intentions ne changent pas le fait que notre secteur est sous-financé depuis des décennies. On parle d’un financement de 540 millions, répartis sur cinq ans.[i] C’est un point de départ, mais si on ne réussit pas à financer les organismes en violence, sur le terrain, ce sera insuffisant pour assurer la pérennité après les 5 ans. Après l’épuisement de ce financement, comment allons-nous assurer la suite de l’offre de services? Recevrons-nous du financement de base pour que les organismes qui détiennent l’expertise peuvent subvenir aux besoins de leurs communautés et offrir des conditions de travail adéquates à long terme? Nous n’aurons pas mis fin à la violence d’ici 5 ans », conclut la directrice générale.
Au cours des prochains mois, Action ontarienne procédera à une analyse plus approfondie du plan, et nous suivrons attentivement l’évolution du dossier à l’échelle provinciale.
[i]https://www.canada.ca/fr/femmes-egalite-genres/nouvelles/2022/11/plan-daction-national-pour-mettre-fin-a-la-violence-fondee-sur-le-sexe-une-etape-importante-vers-latteinte-de-legalite-entre-les-sexes-et-les-genres.html
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