Transcription Balado Elles parlent – Épisode 1.01

Saison 1

Karen N. Uwase : Bonjour et bienvenue à Elles parlent, un balado pour découvrir apprendre ou réapprendre sur les thématiques liées aux violences faites aux femmes. Je suis votre animatrice Karen Uwase, d’Action ontarienne. Et aujourd’hui je suis rejointe par notre experte Julie Fournier. Bonjour Julie.

Julie Fournier : Bonjour!

Karen N. Uwase : Comment ça va ce matin?

Julie Fournier : Ça va bien, et toi?

Karen N. Uwase : Ça va très bien. Alors Julie est une travailleuse sociale psychothérapeute depuis à peu près 25 ans. Et elle est aussi dirigeante d’une firme de consultation qui se nomme La porte rouge consultation. En gros, en quoi consiste La porte rouge consultation?

Julie Fournier : La porte rouge, c’est une firme de consultation où je donne de la formation, de la supervision, et on débute depuis cette année l’intervention par la nature et l’aventure. Au cœur de notre mission, c’est la santé de l’aidante, donc la santé mentale des aidantes professionnelles.

Karen N. Uwase : Julie, aujourd’hui on va parler de double standard émotionnel. On va vous expliquer ça très clairement pendant le balado. Avant de poursuivre Julie, et chez vous, juste pour vous mettre une mise en garde on parlera de suicide. Donc, pour toute personne qui est sensible au sujet vous pouvez nous rejoindre un peu plus tard dans le balado. Alors Julie, d’où vient ton intérêt pour le vécu intime de l’aidante dans ses fonctions professionnelles de travailleuse sociale?

Julie Fournier : En fait, à travers mes nombreuses années de pratique j’ai eu beaucoup d’interventions de crise à faire. Et il y a eu beaucoup d’interventions où est-ce que c’était vraiment triste et prenant. Et je me rappelle avoir vécu, notamment, une intervention en périphérie de Québec, où un jeune homme venait juste de se suicider. Et donc on devait intervenir avec ses parents pour les accompagner dans les heures qui suivent. Je me rappelle avoir vécu, vraiment, un grand sentiment d’impuissance. De voir ses deux parents qui étaient en deuil, en larmes. D’avoir émotionnellement le sentiment que j’étais dépassée. Puis en sortant de cette intervention-là, je me suis dit : est-ce que c’est normal? Est-ce que c’est moi qui gère mal mes émotions? Ce questionnement-là m’a suivie une bonne partie de ma carrière où est-ce que je regardais les autres aidantes aller puis je me disais : Est-ce que c’est juste moi qui vis ces résonances émotionnelles là en intervention? Pour finalement me rendre compte qu’on vivait tous et toutes ces résonances-là de différentes façons, à différentes intensités, mais qu’on s’en parlait peu. Et c’est comme s’il y avait un double standard comme quoi chez les gens qu’on aide ces gens-là pouvaient être dépassés par l’émotion ou disrégulés comme on dit dans notre domaine, mais que chez nous c’était pas possible. Et c’est là que j’ai vraiment pris conscience qu’il y avait une différence, et qu’on devait militer pour… démocratiser le monde émotionnel.

Karen N. Uwase : Absolument. Je le conçois. Pendant que tu parles, ça me montrait un peu ce sentiment d’injustice avec tous les termes que tu utilises : militer, démocratiser. Alors justement, Julie, en te basant sur ton expertise, qu’est-ce que tu penses qui cause ce double standard chez les aidantes qui ont un métier qui implique justement qu’elles aient à ressentir ces émotions?

Julie Fournier : Je pense qu’il y a un mythe du cordonnier mal chaussé qui est plutôt tenace dans la population en général, mais aussi chez les aidantes professionnelles ou bénévoles. Ce mythe-là nous amène à croire que parce qu’on est des aidantes professionnelles, qu’on connaît bien le monde émotionnel, qu’on ne ressentira pas ces émotions-là en intervention. Je parle d’intervention, mais ça peut être comme professeur, ça peut être comme bénévole. Et donc, ce mythe-là nous dit que nécessairement, si j’ai à aider l’autre, je ne ressentirai pas de la peine, de l’impuissance, alors que c’est pas vrai. Les gens qui viennent nous consulter ont besoin de gens empathiques. Mais pour se connecter avec l’empathie, il faut être connecté avec nos émotions.

Karen N. Uwase : À 100 %.

Julie Fournier : Donc, à priori, il y a le mythe du cordonnier mal chaussé. Il y a aussi le fait qu’à l’école, à l’université, dans les collèges, les cégeps, quand on étudie la profession d’aidante, on nous parle de la posture de détachement. Comme quoi on devrait être détaché, d’avoir un pas de recul pour bien intervenir. Et c’est tout à fait vrai. Ce pas de recul là ne nous enlève pas notre monde émotionnel. Et il y a souvent ce glissement-là, que les gens croient que si on a une distance professionnelle, on va aussi avoir une distance émotionnelle, nécessairement. Mais c’est pas tout à fait le cas. Les gens nous racontent des choses qui peuvent être très tristes, très fâchantes, et nécessairement, il faut se connecter à notre monde émotionnel pour être capable d’offrir de l’empathie.

Karen N. Uwase : Tout à fait. Je suis tellement d’accord avec toi. Être en connexion avec ses émotions pour pouvoir comprendre les émotions de la personne en face de nous, tout simplement.

Julie Fournier : Oui, et il y a une question de neurobiologie aussi. Le monde émotionnel… Quand on ressent de la colère, de la peine, quand on ressent de l’impuissance, il y a toute une cascade biologique qui est impliquée. Si j’ai peur ou si tu me racontes quelque chose qui suscite de l’horreur chez nous, il y a une structure au fond de mon cerveau, l’amygdale, qui va déclencher toute une cascade neurochimique. Donc, il y a toutes sortes de phénomènes tels que l’amygdale, tels que les neurones miroirs dont on aura certainement la chance de parler un peu plus tard, qui vont nous amener des réactions physiologiques. Et il faut être capable de s’y connecter pour pouvoir bien répondre avec empathie.

Karen N. Uwase : Donc, Julie… Moi ça me… fait penser. En me basant sur ce que tu viens de nous raconter, est-ce qu’il y a autant de conséquences chez la travailleuse sociale que chez la victime, chez la personne aidée?

Julie Fournier :  Tu parles de conséquences, finalement, d’avoir ce double standard.

Karen N. Uwase : C’est ça.

Julie Fournier : Tout à fait. Chez l’aidante, le fait de vouloir contrôler son monde émotionnel, de le bloquer, nécessairement ça génère du stress. Au fond de notre corps, on a un nerf vague. Le nerf vague, il part des viscères et va jusqu’à notre cerveau. Et 80 % des informations qui passent par le nerf vague passent des viscères au cerveau, et non l’inverse. Ça veut donc dire que quand je vis des émotions, quand je vis de la peur, de la colère, un sentiment d’impuissance, mon corps va réagir, va répondre. Et si je suis toujours crispée, nécessairement, même si j’essaye de contrôler mon monde émotionnel, mon ventre, mes viscères vont parler par le nerf vague à mon cerveau et mon corps va se rappeler de cette tension-là. Donc, si mon but c’est de toujours me contrôler, de garder le focus, et de mettre de côté mon monde émotionnel, finalement, c’est moi qui vais payer pour ça. Donc, ça va amener du stress de compassion résiduel, donc un stress au long cours. Mon corps va être tendu. Donc, j’ai tout avantage à maîtriser ça. Et pour le maîtriser, il faut d’abord l’explorer et l’accueillir ce monde émotionnel là. Donc, d’une part, pour l’aidante, c’est important. Il faut comprendre que gérer notre monde émotionnel en intervention c’est un peu comme un sport. On développe des habiletés pour le faire, il y a des stratégies qu’on peut tenter pour progressivement devenir bon et bonne. Mais on peut pas se lancer dans un rapide sans savoir comment ma pagaie fonctionne, puis comment le rafting fonctionne. Il faut avoir une base. Donc, c’est sûr qu’on va probablement parler de stratégie, mais il va falloir à la base que ces aidantes-là… développent… une façon de reconnaître leurs signes de tension physique en intervention pour par la suite, se connecter avec leurs émotions et pouvoir intervenir en même temps. Donc, il y a effectivement des impacts, des conséquences négatives sur l’aidante, mais il y en a tout autant chez la personne qui est aidée. Imagine, tout d’un coup, que toi et moi on est en consultation. Est-ce que tu veux vraiment une thérapeute qui est complètement détachée, froide et rigide?

Karen N. Uwase : Mais non, je me sentirais pas connectée. Je voudrais connecter avec elle.

Julie Fournier : Oui. Est-ce que si tu me sens dans mes notes, dans ma tête, déconnectée, est-ce que ça se pourrait que… que t’aies l’impression que… que ton histoire me touche pas?

Karen N. Uwase : J’aurais l’impression que tu es condescendante.

Julie Fournier : Tu vois! Toi, t’interprètes ça comme de la condescendance, mais ça pourrait être du rejet, ça pourrait être un sentiment d’abandon. Tu viens me consulter à toutes les semaines, tu me racontes tes histoires très personnelles, puis moi je te regarde avec une posture très figée et stoïque? Donc, il peut avoir des impacts sur la personne qui vient consulter. Et nous, dans notre langage à nous, on parle d’attachement. C’est dans les mécanismes d’attachement. Les mécanismes d’attachement, c’est lié à la survie de l’espèce, c’est lié au sentiment de sécurité. Donc moi, si je suis stoïque, je suis rigide dans mon monde émotionnel, que je m’y connecte pas, il y a toutes ces conséquences-là qui peuvent arriver, qui sont pas très bénéfiques, autant pour toi, que pour moi.

Karen N. Uwase : Tout le monde perd.

Julie Fournier : Tout le monde perd.

Karen N. Uwase : Tout le monde perd au change.

Julie Fournier : Absolument.

Karen N. Uwase : Donc, face à ces constats, comment pourrions-nous, de manière individuelle, trouver des solutions pour justement développer cette capacité de mieux gérer ses émotions, et se connecter à nos émotions, que ce soit en intervention, ou dans des contextes d’aide chez les travailleuses sociales?

Julie Fournier : En fait, je pense que… il y a trois niveaux, pour moi, c’est vraiment dans mon interprétation à moi. Il y a trois niveaux de compétences. Le premier niveau, c’est dans ma vie de tous les jours. Le deuxième niveau, c’est après une intervention ou dans un rôle d’aidant. Comme après une intervention, comme une professeure aussi. Et par la suite, il y a vraiment pendant l’intervention. Donc, je pense que la première étape c’est de commencer dans notre vie personnelle. Donc, ça peut être à l’aide d’un journal de bord, notamment. On nous apprenait ça à l’école, Karen. C’était jamais très agréable. As-tu déjà vécu ça?

Karen N. Uwase : Très longtemps. J’avais genre 6 ou 7 ans.

Julie Fournier : Tu vois? Mais nous, on nous apprend ça à l’université. Dans nos stages, on fait de l’intervention. Et là, on a comme un journal de bord où on doit écrire nos états d’âme. Comment s’est passée l’intervention? Le piège, c’est qu’il y a toujours un professeur pour lire ce journal de bord là. Donc, t’écris pas vraiment ce qui se passe. Mais maintenant qu’il y a plus de professeur, il y a plus personne pour juger ce que t’as écrit dedans. Dans la vie de tous les jours, un journal de bord, ce qu’on appelle dans notre vie privée un journal intime, c’est bien pratique parce que ça permet de déposer sur papier notre monde émotionnel. Comment je me suis sentie? Le fait d’écrire nous amène à prendre conscience de. Donc, les journaux de bord, c’est efficace. L’avantage du journal de bord, c’est qu’on peut aller regarder dans les derniers jours, dans les derniers mois, c’est quoi l’évolution? Y a-t-il des dénominateurs communs? Donc, le journal de bord est une bonne stratégie. Le fait d’être capable de développer notre intelligence émotionnelle, d’être capable de ressentir les émotions, de les nommer. Ça se fait avec la pleine conscience. Ça se fait avec le fait de quand tu conduis en auto de te concentrer sur : Qu’est-ce que je ressens dans mon corps? Qu’est-ce que je vois? Ça, c’est les premières stratégies qui sont efficaces.

Karen N. Uwase : Je suis personnellement curieuse par rapport au journal de bord. Parce qu’on est en 2023. Tout le monde n’a pas envie d’écrire dans un cahier. Est-ce que ça compte quand on écrit? Quand on laisse des notes dans un ordinateur, tablette, téléphone?

Julie Fournier : Tout à fait. C’est une bonne idée. Moi, j’aime bien écrire sur du papier. Mais il y a bien des gens qui préfèrent écrire dans un ordinateur, sur une tablette, sur un téléphone. Je pense même qu’il y a des applications pour ce genre de… Je suis pas allée voir, mais je suis à peu près certaine qu’il doit y avoir des applications de journal de bord, de journal intime, certainement.

Karen N. Uwase : Et dans ton propos, tu disais que c’est la pratique même de le mettre sur papier, ça nous fait rendre compte. Est-ce que même le dire à l’oral, par exemple, si on prend un audio, est-ce que ça compterait au même niveau?

Julie Fournier : Oui, je pense que oui. Ce qui est important, c’est que quand on veut développer notre intelligence émotionnelle, c’est de commencer par étape. De ressentir les émotions, d’être capable de les accueillir, de les nommer. Là, on parle en dehors de notre vie d’intervention, mais par la suite quand on va être rendu bonne et bon à l’extérieur de l’intervention, on va se poser la question en sortant de mon intervention. Ou en fin de journée. Comment je me sens? Comment je me sens dans mon corps? C’est quoi mes émotions? Concrètement, je sors… Comme aujourd’hui. On sort de notre balado, j’embarque dans mon auto, je peux me poser la question en tenant mon volant. Comment je me sens? Est-ce que je me sens tendue au niveau des trapèzes? Au niveau de la mâchoire? Puis, par la suite, je me sens comment? Heureuse? J’ai de la peine? Je suis dans le doute? Donc, c’est un exercice qui se fait un peu partout, finalement.

Karen N. Uwase : C’est ça. On pourrait en parler toute la journée, mais on a plein d’autres choses qu’on a envie que tu nous racontes. Alors ma prochaine question est… Se pourrait-il qu’en tentant de mettre en contact nos émotions, en intervention, qu’on puisse perdre le contrôle et la conséquence est qu’on arrive à… à ne pas intervenir correctement.

Julie Fournier : C’est généralement la principale peur des intervenantes. Le fait de se sentir vulnérable en intervention. Elles ont peur de perdre le contrôle et de ne plus être connectées sur les besoins de la personne qui consulte. La réalité, c’est que si on apprend à développer notre monde émotionnel, et si ça arrive vraiment qu’on se sente envahie, on va voir les mécanismes pour reprendre… reprendre le pouvoir dans l’intervention. Souvent, les intervenantes ont peur de perdre le contrôle, de se sentir envahies par une émotion, que la cliente le sente, et que ça bousille l’intervention. Mais la réalité, c’est que si ça arrivait, que je me sentais dépassée par une vague émotionnelle, et que tu le voyais toi, comme cliente, il n’y a pas juste des impacts négatifs. Tu vas voir que je suis connectée avec toi puis ce que tu me dis me touche. Donc, il y a moyen de rattraper ça.

Karen N. Uwase : Absolument. Je le comprends tout à fait, je le conçois, et… je le vis à tous les jours, même… quand je ne suis pas en intervention. Et d’un point de vue global, comment penses-tu que… Quelles seraient les pistes de solution en tant que société, au-delà des pistes que tu nous as données individuellement. Quelles seraient les opportunités qu’on pourrait choisir de développer comme société?

Julie Fournier : Écoutez, moi je suis la maman de sept enfants, donc que j’ai un petit préjugé pour l’éducation. Moi, je pense que dès la petite enfance il faut apprendre à nos enfants à parler de leur bagage émotionnel, à parler de leurs émotions. T’es en colère, t’es fâché, t’as de la peine… Commencer à ce que les tout-petits fassent un lien entre comment ils réagissent dans leur corps, et comment ils se sentent. Puis ça, ça progresse tout au long de l’adolescence et à l’université. C’est pas normal que dans nos cursus scolaires, on fasse trois années de bac, une maîtrise, ou un collège, une spécialité de trois ans, puis qu’on n’apprenne pas à se gérer nous-mêmes, mais qu’on veuille apprendre aux gens à se gérer. Ça serait un peu comme être une hygiéniste dentaire, apprendre à nos patients à se brosser les dents, mais nous, pas faire notre propre hygiène dentaire.

Karen N. Uwase : C’est un peu hypocrite.

Julie Fournier : C’est intéressant ce que tu dis. Oui, hypocrite, oui. Mais c’est un double standard. Il y a quelque chose… Tu dis hypocrite, mais je pense qu’il y a une question d’éthique. Je pense que ça rejoint ça.

Karen N. Uwase : C’est ça l’éthique?

Julie Fournier : C’est comme une double éthique, finalement. L’éthique envers les autres est différente envers moi. Il y a effectivement un double standard. Ce serait comme aller voir un diététicien et quand je me retrouve, j’ai l’impression qu’il a besoin aussi d’aller voir un diététicien. Je me dis : est-ce que c’est correct? Est-ce que qu’il peut me donner des conseils par rapport à ce dont j’ai besoin? Ça correspond à peu près à ça? En fait, ça revient au mythe du cordonnier mal chaussé. Peut-être que ce diététicien-là, ce nutritionniste, cette journée-là, il n’est pas bien hydraté. Tu vas le regarder, puis il va te dire : prends ton deux litres d’eau par jour. Tu vas le regarder. Il va dire : j’ai soif! Tu te sens déshydraté. Ça se peut cette journée-là, il soit juste moins bien hydraté. Je pense qu’il y a une différence entre une journée et une vie.

Karen N. Uwase : Julie, je suis curieuse. Comment tu conseillerais à la Julie dont tu nous as parlé plus tôt dans l’intervention avec le suicide? Comment tu la conseillerais aujourd’hui?

Julie Fournier : D’abord, je pense que… la première chose que je lui dirais à cette petite Julie-là, début vingtaine, ce serait de sortir de l’isolement. Il y a une humanité commune dans le monde des émotions. Les émotions habitent tous les humains. C’est normal de ressentir des émotions en intervention. Je lui dirais : va parler avec tes collègues. Et va t’associer aux collègues en qui tu as confiance. On n’a pas confiance en tout le monde et c’est bien correct ainsi. Va trouver un collègue ou une collègue avec qui tu te sens en sécurité, et discute de comment tu te sens en intervention. Ça serait la première chose. Et probablement que cette Julie-là, elle se rendrait compte qu’elle n’est pas toute seule à ressentir de l’impuissance. Ou de la peine. La deuxième chose, je pense que… je parlerais à Julie de l’importance de l’autocompassion. L’autocompassion, c’est d’être aussi gentil envers soi-même qu’envers les autres. Donc après une intervention, si c’est difficile, je lui dirais : prends le temps d’encaisser tout ça. Laisse-toi quelques minutes pour voir comment tu te sens, puis de te donner un peu d’amour. Donc, je pense qu’essentiellement, ça serait ça. L’autocompassion. De sortir de l’isolement. D’aller voir tes collègues.

Karen N. Uwase : Hyper intéressant. On a parlé de plusieurs choses, Julie. Tu nous as appris tellement de choses sur le double standard émotionnel, sur la vie en général, j’ai l’impression. Si on devait retenir quelques points aujourd’hui sur ce sujet-là, quels seraient ces points?

Julie Fournier : Que tout d’abord, le monde émotionnel appartient autant aux aidées qu’aux aidantes. Donc à la base, il faut humaniser le monde des émotions. C’est pas parce qu’on fait de l’intervention qu’on en ressent pas. Il faut prendre le temps de les accueillir. Donc, je pense que c’est essentiellement ça. Ça implique aussi de l’autocompassion. Donc, de se donner autant d’amour qu’on peut en offrir aux autres.

Karen N. Uwase : C’est ça. Et prendre soin de nous aussi un peu ou pas?

Julie Fournier : Oui, prendre soin de nous.

Karen N. Uwase : Ça va au-delà de prendre soin de soi professionnel. Ça peut être aussi… du point de vue personnel, chez nous?

Julie Fournier : Oui, et il faut faire attention parce qu’aujourd’hui, c’est comme si l’autosoin, le prendre soin de soi, il y avait un souci de performance. Faudrait qu’on mange toutes nos carottes, qu’on boive deux litres l’eau, qu’on aille au gym trois fois par semaine et qu’on ait une maîtrise totale de notre monde émotionnel. Prendre soin de soi, il faut y aller une petite bouchée à la fois, une priorité à la fois, puis se donner un peu de douceur au passage. Faire des petits pas.

Karen N. Uwase : C’est noté. Merci Julie pour cette enrichissante conversation. Et merci aux auditeurs et auditrices de Elles parlent, une production d’Action ontarienne. Si vous avez besoin de plus d’information, ou trouver des ressources, vous pouvez consulter notre site web actionontarienne.ca. Et nous remercions aussi les studios de Livestream Junkies dans lesquels on se trouve en studio. Et moi je vous dis à la prochaine.

 


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