Transcription Balado Elles parlent – Épisode 1.07
Saison 1 — Épisode 1.07 : Elles parlent… de quand le travail s’insère dans la vie personnelle
Karen N. Uwase : Bonjour et bienvenue à Elles parlent, un balado pour découvrir, apprendre, ou réapprendre sur les thématiques liées aux violences faites aux femmes. Je suis votre animatrice Karen Uwase, et je viens d’Action ontarienne. Et aujourd’hui je suis rejointe par notre experte Julie Fournier. Bonjour Julie.
Julie Fournier : Bonjour Karen.
Karen N. Uwase : Alors, pour un peu introduire Julie, c’est une travailleuse sociale psychothérapeute qui travaille dans le milieu de l’intervention depuis à peu près 25 ans, et aussi dirige une firme de consultation appelée La porte rouge consultation. Julie, à quoi correspond, en quoi consiste La porte rouge consultation?
Julie Fournier : La porte rouge consultation, c’est une firme de consultation, où on on donne de la formation, de la supervision en contexte post-traumatique. Et tout récemment, en 2023, on commence l’intervention par la nature et l’aventure. Donc, on va transposer notre supervision et notre intervention sur le fleuve, dans les lacs et sur les montagnes.
Karen N. Uwase : Hyper excitant! Est-ce que tu aurais un exemple d’aventure?
Julie Fournier : Oui. Tout récemment, on a acheté un canot à glace. Donc, pour aller travailler le respect du rythme, de la respiration, on va emmener des intervenantes en supervision sur le fleuve, sur des lacs gelés, pour pratiquer… Dans le fond, c’est un transfert de compétences. Les notions qu’on aurait apprises dans un simple bureau traditionnel, on va les apprendre sur le fleuve, sur des lacs.
Karen N. Uwase : D’accord.
Julie Fournier : Une aventure hivernale, pour l’instant.
Karen N. Uwase : Alors aujourd’hui, Julie, quel sujet tu nous ramènes?
Julie Fournier : Aujourd’hui, j’avais envie de vous proposer un sujet dont on me parle souvent. C’est-à-dire la prémisse qu’on devrait être capable, sans problème, de bien diviser notre vie personnelle et notre vie professionnelle, comme quoi, quand on passe le cadre de porte au boulot, on devrait être capable de tout couper, et ne plus penser au travail. Ce qui à mon sens, est vraiment un mythe.
Karen N. Uwase : Absolument. Pourrais-tu nous en parler un peu plus en détails?
Julie Fournier : Oui. En fait, on l’a vu pendant la pandémie, mais même après la pandémie, on a souvent entendu que pour la santé mentale des aidants, il fallait bien compartimenter notre vie. Et on peut pas être contre la vertu, évidemment. On souhaiterait tous pouvoir quitter le boulot à la fin de notre journée, être sereine, serein et ne plus penser au travail. Ceci étant dit, c’est pas si facile que ça. Et il y a même des mécanismes biologiques qui nous en empêchent parfois, particulièrement quand on travaille avec la détresse des gens. Donc, le ton un peu paternaliste qu’on a en autosoin dans les dernières années, comme quoi il faut bien diviser le travail de la vie personnelle, je pense qu’il faut enlever ce ton paternaliste-là et comprendre les phénomènes sous-jacents au fait d’avoir de la difficulté à bien compartimenter
Karen N. Uwase : D’accord. Ça me fait penser, Julie, est-ce qu’il y a des explications scientifiques à pourquoi l’intervenante ou l’intervenant a du mal à décrocher du travail en rentrant chez lui le soir?
Julie Fournier : Oui, tout à fait. En fait, il y a plusieurs explications. Quand on travaille avec la détresse des gens, au long cours. On s’entend là, sur des semaines, des mois, voire des années, il y a un phénomène qui s’appelle le stress traumatique secondaire, qui est associé à la détresse des gens, mais qui… En fait, pour dire simplement, le stress traumatique secondaire, c’est quand on est chez nous, par exemple, le soir, puis on se couche, puis on pense à notre cliente qui n’a pas trouvé une maison d’hébergement, parce qu’on n’avait pas de place. Puis là, on va se poser la question : Est-elle en sécurité? Va-t-il se passer un drame cette nuit? Ou avec les clients qui ont des idées suicidaires. Mais ça c’est le genre de questionnement que nous, comme intervenante, on vit sur une base régulière. C’est pas notre quotidien, mais tout près. Et ça, ce stress traumatique secondaire-là, donc un stress qui découle d’avoir été en contact avec des gens qui ont des traumatismes ou qui vivent dans un contexte de violence, ça nous suit au long cours, et notre corps s’en rappelle. Donc nécessairement, c’est un peu normal quand on quitte notre boulot le soir, d’avoir des pensées intrusives, de penser à nos clients, de s’inquiéter, puis c’est aussi lié au processus d’empathie, nécessairement.
Karen N. Uwase : Donc ça, c’est un premier point. Stress traumatique secondaire.
Julie Fournier : Oui.
Karen N. Uwase : Il y en a un autre.
Julie Fournier : Oui, il y en a un autre. En fait, il y a le stress de compassion résiduel qui est un peu associé… En fait, ces deux concepts-là sont associés à la fatigue de compassion. Et le stress traumatique secondaire, c’est comme le plancher, le stress de base de compassion. Mais quand il s’accumule au long cours, et qu’il s’additionne, on arrive avec un stress de compassion résiduel, un peu comme un verre d’eau, où est-ce qu’à force d’être toujours rempli à la fin de notre journée, en un rien de temps, ça déborde. Donc, il y a un stress de compassion qui est résiduel, c’est un résidu, c’est un surplus, un amoncèlement. Et ça aussi, nécessairement, le corps s’en rappelle.
Karen N. Uwase : Donc Julie, tu nous as parlé d’un premier point, de stress traumatique secondaire. Un second point de stress de compassion résiduel. Est-ce que tu en as d’autres?
Julie Fournier : Oui. Tu sais, c’est sûr qu’il y en aurait plusieurs. Mais essentiellement, il y aurait deux autres points. Les neurones miroirs et l’amygdale. Donc là, on se rappelle, on parle de… J’ai de la misère, quand je reviens chez nous, je pense encore à mes clients. Il faut comprendre que dans le processus d’empathie, il y a les neurones miroirs qui sont impliquées. Les neurones miroirs, c’est une structure qui a été découverte… dans les années 1970. Puis on a compris que… quand on offre notre empathie, il y a toutes sortes de structures dans le cerveau qui vont être sollicitées pour l’empathie. Mais les neurones miroirs, leur job, c’est de regarder : Moi, si tu me racontes un fait prenant, je sais pas moi, que tu as vécu une dure journée au boulot. Moi, mes neurones miroirs, pendant une fraction de seconde, elles vont aller voir c’est quoi pour moi, une journée difficile au boulot? Elles vont comme faire un gros algorithme pour que je puisse faire : Ah OK, ça ressemble à ça, une dure journée au boulot. Et là, je vais pouvoir revenir avec toi et t’offrir mon empathie. Mais ces neurones miroirs-là, elles sont sollicitées au long cours quand on soutient les gens et on les accompagne. Et donc, ça vient changer un peu notre algorithme personnel de c’est quoi notre vécu à nous en lien avec ce phénomène-là. Par ailleurs, une structure qui est vraiment importante, c’est l’amygdale. L’amygdale, c’est une structure dans notre cerveau et elle a une caractéristique bien précise. C’est qu’elle apprend vite, mais elle oublie lentement.
Karen N. Uwase : C’est intéressant comme principe. Développe…
Julie Fournier : En fait, c’est que… Toi, ta journée de boulot, indépendamment que tu fasses de l’intervention de crise bien difficile, ou de la comptabilité, ou quelque chose qui ne demande pas pas d’être en contact avec la détresse des gens… Ton amygdale, dans ta journée, elle va se rappeler les moments, les highlights, les moments plus prenants de ta journée. Et donc, elle va vite suivre le rythme. Elle va faire un décompte, et à la fin de ta journée, ton corps va se souvenir grâce à l’amygdale, que tu as eu une journée prenante. On se rappelle : l’amygdale elle apprend vite, mais elle oublie lentement. Donc toi, quand tu passes du boulot à la maison, ton corps, il se rappelle encore grâce à ton amygdale, que t’as eu une dure journée. Toi, tu veux aller à la salle de sport, tu veux t’occuper de tes enfants, mais ton corps, il se rappelle encore de ta journée. Quand on dit aux gens : Tu devrais couper tes journées, compartimenter. On voudrait le faire. Mais le corps n’a pas nécessairement tout ce qu’il faut, ou il n’a pas eu assez de temps pour digérer.
Karen N. Uwase : C’est plus facile à dire qu’à faire.
Julie Fournier : Oui, tout à fait.
Karen N. Uwase : Julie, si je me base sur ces explications scientifiques, pourrais-tu dire que l’intervenante est condamnée à ne pas pouvoir décrocher de son travail dès qu’elle arrive dans sa vie personnelle?
Julie Fournier : En fait, oui et non. Oui, parce qu’on a une structure biologique qui nous amène à avoir de la difficulté à compartimenter, comme on s’est dit. Donc, le corps se souvient. Par ailleurs, il y a des stratégies efficaces qu’on peut développer. Donc, notamment, de ritualiser nos débuts et nos fins de journée pour que notre corps s’entraîne à ce que quand, par exemple, je ferme mon ordinateur, que je ferme mon classeur, que là, les soucis partent et on tombe dans un autre mode. Donc, de ritualiser, ça pourrait être une bonne stratégie. Une autre bonne stratégie, évidemment, c’est celle qu’on a déjà discuté, en lien avec tout ce qui est état émotionnel. Donc, quand je quitte le boulot, je me sens comment? Donc, voir mon corps. Quels sont mes signes de tension physique? Est-ce que j’ai la nuque tendue? Les épaules tendues? Et aussi de se poser la question. Donc, oui, j’ai la nuque tendue, mais comment je me sens? Est-ce que je suis en colère? Est-ce que j’ai de la peine? Une autre façon aussi de se connecter avec son monde émotionnel, c’est de se poser la question. Je me sens fatiguée. Mais c’est quel type de fatigue que j’ai? Est-ce que c’est une fatigue qui est physique? Est-ce que c’est une fatigue qui est émotionnelle? Qui est cognitive? Et dans la soirée, on va essayer de solliciter d’autres types de fatigue. Je donne un exemple. Si aujourd’hui, moi, j’ai fait beaucoup de route, j’ai conduit beaucoup, je me suis cassé la tête pour trouver les endroits où je devais aller faire des livraisons ou aller rencontrer des gens. Donc, j’arrive en fin de journée, je suis fatiguée physiquement, parce que je me suis concentrée sur la route. Mais cognitivement aussi. Ce soir, je vais pas jouer un gros jeu compliqué de société avec mes enfants. Je vais peut-être aller jouer dehors. Je vais peut-être jouer aux Barbies. Je vais peut-être aller jouer au soccer avec mes enfants. Je vais solliciter un autre type de fatigue qui va faire en sorte que tout ça va s’équilibrer, mais que je vais quand même être capable d’être productive dans le restant de ma journée. Faire mes choses. C’est intéressant. Parce que moi, je t’entends parler, et… tout ce que j’entends à la fin de la journée, c’est que tu es fatiguée. Donc, quand est-ce que tu te mets à… juste te reposer, ou est-ce que t’as qu’un seul moment de repos, c’est quand tu va te coucher? Effectivement. Il y a des gens qui vont dire : Moi, ma journée elle commence à 6 heures le matin et c’est seulement quand les enfants vont se coucher ou quand j’ai fini mes activités que je me dépose dans mon lit, que là, le hamster tourne. C’est souvent ça que les gens nous disent. Et c’est souvent à ce moment-là qu’ils vont penser à leur journée de boulot ou qu’ils vont penser à leur journée de demain ou à leur semaine. Ça s’appelle… il y a un nom pour ça. Ça s’appelle l’insomnie initiale. L’insomnie initiale, c’est qu’on a de la misère à s’endormir le soir, pour toutes sortes de raisons, mais entre autres, quand le hamster tourne vite dans notre tête. Donc l’insomnie initiale, il y a certains trucs pour tenter de la corriger. Il y a un bon livre d’ailleurs de Charles Morin qui a été écrit. Ça s’appelle : « Vaincre les ennemis du sommeil » si je ne m’abuse. Et dans ce livre, et dans d’autres références aussi, on apprend que le rituel du dodo est vraiment important. Comme avec les enfants en bas âge. Donc, le soir, si la tête me spin, ce qu’on va faire, c’est qu’avant d’aller au lit, on ne fera pas d’activité physique, on ne va pas être surstimulé, on va avoir une routine. Ça peut être la douche, toute routine de dodo. Et quand on arrive dans le lit, si ça fait plus de 20 ou 30 minutes qu’on est couché et qu’on n’arrive pas à dormir, on va se relever. Souvent, le réflexe des gens, c’est de rester couché en se disant : « Il faut que je m’endorme, il faut que je m’endorme. »
Karen N. Uwase : C’est ce que je fais.
Julie Fournier : Ah voilà! C’est pas la bonne pratique. Il faut se lever. Et donc, quand on a la misère à compartimenter notre vie professionnelle et personnelle, un petit truc que je peux donner, moi que j’aime bien, c’est de déposer sur le bord de mon lit un crayon, du papier, et les idées qui spin en boucle dans ma tête, je vais les déposer sur le papier. Comme ça, j’aurai pas peur d’oublier quelque chose. Une fois que ça c’est déposé, je pourrai le reprendre le lendemain matin sans avoir la crainte de perdre une balle, comme on dit. D’oublier des détails importants.
Karen N. Uwase : C’est intéressant que tu dises ça parce que je pense que j’aurais aussi, à un moment donné, l’idée de me dire : Je devrais peut-être le noter. Mais peut-être que la chose que moi je fais qui ne serait pas positive, c’est que je prends mon téléphone, et la lumière du téléphone qui me sort dans les yeux, est-ce que ça, c’est négatif de le faire? Vaudrait vraiment mieux que j’allume la lumière, je prends un papier ou téléphone ou pas téléphone, tant que je pose mes idées, c’est correct.
Julie Fournier : Oui, puis ton réflexe est… parce que la lumière bleue des écrans de téléphone, c’est vrai que c’est pas bon pour le sommeil. Ceci étant dit, si toi c’est ta façon de te soulager, et de te déposer. Écoute, moi je n’ai pas de problème à ce qu’en 15 secondes tu prennes ton cellulaire, et que t’écrives dessus. Le petit bug qui pourrait arriver, c’est que ça va peut-être te donner le goût d’aller voir tes courriels, les médias sociaux, mais ça, c’est une autre paire de manches.
Karen N. Uwase : Les autres applications. Julie, au final. Toutes ces bonnes pratiques que tu viens nous apprendre, elles nous ramènent au fait de mieux gérer les conséquences de notre stress de compassion et aussi à bien diviser le travail et la vie personnelle, c’est ça?
Julie Fournier : Oui, mais en même temps, je pense que ça appelle à la bienveillance. Il faut, d’une part, se rappeler que notre corps est fait pour se souvenir de notre journée. Donc, s’il y a des éléments qui nous tracassent dans la soirée, il ne faut pas être trop dur envers nous-mêmes. Et se rappeler que notre corps est fait pour qu’on s’en rappelle. Donc, d’une part, ça fait référence à de l’autocompassion, à de la bienveillance. Et d’autre part, si on voit que ça persiste et que c’est plus difficile, c’est de se donner des stratégies nécessaires. Et ça commence au boulot, dès le matin, pour ritualiser nos débuts, nos fins de journée, se connecter avec notre monde émotionnel puis comprendre pourquoi je suis stressée. Des fois, il y a des bonnes raisons d’être stressée. Et finalement, si ça perdure à travers le temps, jusqu’en fin de soirée, de développer une bonne hygiène de sommeil, et de s’assurer que quand on va se coucher, tout a été déposé sur papier. Parce que de toute façon, c’est rare que c’est à 9 h ou 10 h le soir qu’on règle les gros problèmes de la journée qui vient de passer, ou pour demain matin.
Karen N. Uwase : C’est très drôle que tu le dises, parce que je suis persuadée qu’il y a plein de personnes qui vont se reconnaître. Julie, d’un point de vue systémique, qu’est-ce qu’on peut faire comme société pour se sortir de ce cercle vicieux?
Julie Fournier : Je pense que d’abord, il faut se rappeler que le ton paternaliste de : « Tu devrais bien diviser tes secteurs de vie », doit être échu, doit être mis de côté. Je pense que la bienveillance a toujours sa place. Donc la bienveillance. Se rappeler que d’un point de vue biologique, il y a une fonction adaptative et évolutive dans ce réflexe-là, de continuer à penser à notre journée le soir venu, ou même avant de se coucher. Donc, il faut normaliser tout ça aussi. Oui, je pense que… On parle de ton paternaliste, on parle de bienveillance, puis aussi au niveau des stratégies, Il faut aider les gens à y parvenir. Donc, de plus en plus, il y a des mouvements où on dit : On veut avoir le droit de ne pas regarder nos courriels le soir. Il faut que ce soit clair dans la culture organisationnelle, puis dans les dits, et les non-dits de notre organisation. Qu’est-ce qu’on attend de moi comme travailleur? Est-ce que le soir, on s’attend à ce que j’aille voir mes courriels? Ou on s’attend à ce que je puisse réellement décrocher? Parce que quand il y a un double discours, on n’est pas plus avancé. Comme gestionnaire, si dans notre organisation on dit : Il faut que vous soyez capables de bien compartimenter votre vie, mais que je m’attends à ce que tu répondes à mes courriels à 9 h le soir, bien là, il y a un double message qui est vraiment pas aidant.
Karen N. Uwase : Absolument. Julie, si je comprends bien, si je résume tous tes beaux propos. On souhaite avoir une capacité à mieux compartimenter, à être plus bienveillant, plus indulgent envers nous-mêmes, et cette dissociation, cette distanciation professionnelle, elle se fera un peu toute seule. En adaptant des routines, et… dans un monde meilleur. Je suis sûre qu’on va y arriver chers auditrices et auditeurs. Merci Julie.
Julie Fournier : Merci.
Karen N. Uwase : Merci à vous tous de nous avoir écoutées à Elles parlent, une production d’Action ontarienne. Si vous souhaitez avoir plus d’information ou consulter des ressources, vous pouvez aller sur notre site web : actionontarienne.ca. Et on remercie les studios de Livestream Junkies pour nous avoir laissées enregistrer ici. Et moi je vous dis à la prochaine.
Ressources
- La Porte rouge consultation : https://laporterouge.ca/
- « Vaincre les ennemis du sommeil », Charles Morin, 1997 : https://www.leslibraires.ca/livres/vaincre-les-ennemis-du-sommeil-charles-m-morin-9782761913676.html
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